Hamad Buamin, PDG de la chambre de commerce de Dubai explique la stratégie africaine des investisseurs des pays du Golf en Afrique
HAMAD BUAMIM |
Il existe une proximité géographique et historique entre l’Afrique et le golfe Persique, mais celle-ci ne s’est pas véritablement transformée en une relation économique intense. Pourtant certaines nations du Moyen-Orient lorgnent vers l’Afrique au cours des dernières années. Cela
se traduit dans les chiffres, comme le montrent les investissements directs étrangers (IDE) en Afrique subsaharienne en provenance des pays du Golfe qui se sont élevés à 9,3 milliards de dollars entre 2005 et 2014, lesquels sont en constante augmentation.
La montée en puissance des Etats membres du Conseil de coopération du golfe Arabique (CCG), plus particulièrement les Emirats arabes unis (EAU), sur le continent. Dans un entretien avec Hamad Bua- mim, président directeur général de la Chambre de commerce de Dubaï, j'ai abordé la stratégie, les types d’investissements, les intérêts ainsi que les raisons qui se cachent derrière l’intensification des relations entre l’Afrique, les pays du Golfe et l’EAU.
Depuis le début du xxie siècle, les rapports entre les pays du Golfe et l’Afrique ont connu une forte croissance. Quels rôles peuvent jouer les Etats issus de votre région en Afrique ?
HAMAD BUAMIM : Avec leurs économies avancées reposant sur une solide expansion des infrastructures, de la logistique et une croissance financière, les pays issus du golfe Persique peuvent transférer leur savoir-faire en apportant une expertise dans le développement d’un réseau routier, portuaire et aéroportuaire de niveau mondial. De plus, avec leur expérience dans la gestion de projets et la construction d’usines ou de centres commerciaux, les compagnies de la sous-région sont en mesure d’aider à combler les écarts existants en Afrique dans ces domaines. Enfin, comme plusieurs études publiées par notre institution le soulignent, ces compagnies contribueraient probablement à faire évoluer l’économie islamique en Afrique de l’Est et australe, car il y existe un fort potentiel.
Quels sont les obstacles au développement du business en Afrique?
H.B. : Pour les investisseurs étrangers, il y a effectivement plusieurs barrières à surmonter, comme les incertitudes politiques et économiques de certains pays. Bien que l’infrastructure et les réseaux
de télécommunication se développent fortement dans certaines régions, le manque de main-d’œuvre qualifiée a un impact sur les investissements. Néanmoins, l’un des défis majeurs est l’absence de législations appropriées ou l’ambiguïté émanant de ces dernières pour les investisseurs, ainsi que
le manque de transparence dans certains domaines, ce qui peut affecter la performance de divers secteurs. Enfin, on peut citer aussi les risques liés aux problèmes opérationnels, le non-respect des obligations d’un contrat, la volatilité de certaines monnaies, le changement de gouvernement, surtout pour les projets à long terme, qui sont aussi parmi les éléments qui préoccupent les membres de notre organisation, lesquels perçoivent encore l’Afrique comme un marché à risque.
Quels sont les secteurs qui intéressent le plus les investisseurs issus des pays du Golfe?
H. B. : Les considérables richesses en ressources naturelles et l’augmentation croissante d’investissements dans les technologies de l’information et de la communication (TIC), les télécommunications ainsi que l’agriculture ont réussi à attirer des investisseurs internationaux.
Concernant ceux des pays du Golfe : les services financiers, la grande distribution, le tourisme, la logistique, la construction d’infrastructures portuaires, la gestion de partenariats et les transports. Toutefois, avec le développement de la classe moyenne et l’augmentation de la demande pour les biens de consommation et des services, les personnes issues de notre région et disposant de capitaux explorent d’autres secteurs, tels que le textile, les équipements électroniques ou l’industrie auto- mobile. Cet intérêt se voit dans les chiffres. A titre d’exemple, les échanges commerciaux, hors hydrocarbures, entre Dubaï et le continent africain sont passés approximativement de 2,9 milliards de dollars en 2002 à plus ou moins 23 milliards de dollars en 2011. Pour l’année 2014, ils ont atteint la somme de 32,1 milliards de dollars.
Selon l’étude de la Chambre de commerce de Dubaï intitulée «Au-delà des matières premières : les investisseurs du Golfe et la nouvelle Afrique», il semble que l’Afrique de l’Est soit considérée comme la région la plus attrayante pour les investisseurs issus de votre région? Pourriez-vous me dire pourquoi?
H.B. : En effet, cette partie du continent est la plus attrayante pour les investissements non liés aux matières premières, là les secteurs de la grande distribution et des hypermarchés, des banques, du tourisme ainsi que le marché de l’automobile jouent un rôle clé. De plus, l’augmentation significative de la classe moyenne dans des pays tels que l’Ethiopie, le Kenya et l’Ouganda stimulent la demande pour l’accès à des soins de santé et l’éducation privé; des domaines où nous tentons d’accroître notre présence. Néanmoins, l’absence d’infrastructures développées a un impact sur les coûts de logistique qui restent élevés. De ce fait, les investisseurs du Golfe se concentrent sur les opportunités offertes dans les sous-secteurs de l’aviation tels que le ravitaillement et les services de manutention au sol. Nous pouvons aussi citer le marché des fleurs (Kenya) où Dubaï sert de plateforme importante pour la réexportation de ces dernières.
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