Résumé de la 17 édition de Tunisia investment forum
Dans sa présentation, Yassine Brahim a mis en avant la baisse des IDE depuis 5 ans en soulignant à l’occasion que le taux d’investissement est passé de 24% en 2010 à 19% en 2014. Il a rappelé que ce sont les investisseurs européens qui investissent le plus en Tunisie. Les investisseurs italiens, français et allemands totalisent 75% des investissements. Il a également noté qu’il y a eu au cours des années 90 une montée en gamme de la compétitivité des entreprises industrielles relativement au code de 1972 qu’il a qualifié de «low cost». Aujourd’hui, la Tunisie est l’un des dix premiers fournisseurs de l’Europe de système de cablage. Néanmoins, l’étude qu’il a présentée a révélé que les insuffisances du site se situent d’abord au niveau du manque d’infrastructures dont le retard au niveau de la logistique qui en n'est l’illustration. Ensuite, le climat des affaires est en déclin et, last but not least, les tensions qui ne s’arrangent pas au niveau social.
Le ministre a précisé que cinq conditions clés sont nécessaires pour doper la compétitivité des entreprises tunisiennes, à savoir la stabilité politique et la sécurité, la performance économique et sociale, l’amélioration de l’infrastructure, du capital humain et la mise en place d’un cadre légal, institutionnel et procédural adéquat. A vrai dire, le nouveau code doit illustrer le cadre et préciser où on va?
Comment cette économie va-t-elle s’ouvrir ? Il devrait être du genre tout est permis sauf....
Khalil Labidi, PDG de la FIPA est revenu sur la nécessité de promulguer rapidement un code d’investissement, sur l’importance d’augmenter les dépenses d’infrastructure, de digitaliser et de simplifier les procédures. Il a également recommandé la mise en place de KPI dans le monitoring des politiques publiques.
Vient ensuite le tour des présidents de chambres de commerce mixtes d’exprimer les sentiments et les doléances de leurs investisseurs. Foued Lakhoua, président de la chambre de commerce tuniso française, a été le premier à intervenir. Il a souligné que le baromètre de sa chambre a indiqué une amélioration dans l’environnement des affaires. Il a mentionné que 85% des entreprises françaises membres ont investi dans le site tunisien.
Martin Henkelman, président de la chambre de commerce tuniso- allemande, a précisé la présence de 250 entreprises allemandes en Tunisie qui emploient 53 000 employés. La chambre établit chaque année une enquête pour sonder les attentes des entreprises allemandes; l’étude a révélé que les perspectives de ces dernières sont très positives en 2015. Il n’en reste pas moins que soit perçu comme handicap l’incertitude politique et tout ce qui concerne la paix et le dialogue social. Les entreprises allemandes se plaignent aussi de la bureaucratie surtout pour celles qui sont non exportatrices. Ces entreprises réclament aussi plus d’incitations pour soutenir la formation professionnelle permettant de fournir une main-d’œuvre qualifiée.
Mourad Fradi, président de la chambre de commerce tuniso-italienne a souligné que les entreprises italiennes trouvent des problèmes dans l’harmonisation des process entre les différentes administrations. A titre d’exemple, la procédure en termes de délais n’est pas la même entre la douane de Ben Arous et celle de sidi Bouzid, a-t-il cité.
Au niveau de la fiscalité, ces entreprises contestent l’imposition de 10% et plus encore peut être de 15% sur les entreprises off shore. A ce rythme, la notion d’offshoring va mourir a-t-il déclaré ; il a aussi soulevé la question de mauvaise médiatisation du système tunisien. Mouard Fradi a insisté sur la nécessité d’aller vers les régions pour expliquer le système tunisien. il faut repenser l’approche, aujourd’hui on ne parle plus de délocalisation mais colocalisation.
C’est sur les problèmes sociaux et quant à l’impératif de trouver des solutions qui de Etienne Roumier, DG de Crawin Maghreb Can, membre de la chambre tuniso- américaine a mis l’accent. Racontant son expérience personnelle, il a précisé que lorsqu’ils ont eu des problèmes de ce genre, ils se sont mis autour de la table, ils ont signé un pacte social pour 3 ans et ainsi, le problème a été réglé en 4 jours. A ce titre, il a mentionné qu’il est vrai que le site Tunisie est idéalement situé, toutefois le problème est que tout rentre par le port de Radès qui est lent et dépassé.
Il a suggéré le renforcement du PPP qui se fait à travers la chambre consulaire qui crée la passerelle entre la FIPA et les ministères. Il a également appelé à faire participer les entreprises aux réflexions sur le code des incitations des investissements qu’il espérerait clair et lisible.
Wassim Berraies, directeur général de Stelia, le N°3 mondial et le numéro 1 européen de l’aérostructure n’a pas hésité à louer les compétences tunisiennes, au-delà de la main d’œuvre et du bon taux d’encadrement. «Nous sommes à 30% de col blancs» a-t-il déclaré. Toutefois, il a rejoint ses prédécesseurs pour critiquer l’administration, notamment la durée de traitement des dossiers. «Nous avons beaucoup de répondants mais ça manque d’efficacité», a t-il rajouté. En somme, les investisseurs étrangers seraient unanimes sur une mise à niveau de l’Administration et de ses process et la mise en place d’un cadre réglementaire, notamment le code d’investissement tant attendu, qui serait en phase avec les exigences du moment dans un monde de plus en plus concurrentiel. Toutes ces questions, interrogations, craintes et appréhensions qui interpellent le ministre de l’investissement et de la coopération méritent réponse et montre à quel point il était à l’écoute et combien il prêtait attention à ces doléances. Le ministre a conclu en rassurant les participants que beaucoup de choses ont été faites mais la marge de progression reste considérable. Il a mentionné l’importance de mettre en place des cellules de veille des économies partenaires dans le dispositif.
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