Relation économique
Les liens économiques entre la Tunisie et l’Algérie sont réels et mesurés par un certain nombre d’agrégats, mais ils sont limités dans leur expansion par la persistance d’obstacles, notamment d’ordre technique. Les deux pays semblent toutefois témoigner d’une volonté mutuelle de renforcer les échanges et relations bilatérales à travers un déblocage des verrous réglementaires et la mise en œuvre de projets d’investissement conjoints mutuellement bénéfiques.
Contexte : des liens économiques anciens et appelés à monter en puissance
Seuls pays du Maghreb à entretenir des relations ininterrompues depuis leur indépendance, la Tunisie et
l’Algérie sont des partenaires économiques stables, ayant instauré une relation bilatérale qui semble solide et
équilibrée bien que relativement modeste. Ainsi les échanges commerciaux entre les deux pays n’ont jamais
cessé, et ont progressivement pris de l’ampleur. Entre 1981 et 2013, leur montant a été multiplié par 7, passant
ainsi d’un total modeste de 350 MDT à 2720 MDT, avec une balance commerciale largement excédentaire
pour l’Algérie (en 2013, 1,6 Mds$ d’exportations algériennes contre 493 M$ d’exportations tunisiennes).
Malgré un contrôle des flux de capitaux transfrontaliers peu favorable aux IDE entre les deux pays, les
investisseurs tunisiens, et dans une moindre mesure algériens, sont parvenus à s’implanter durablement sur
le marché voisin. Ainsi, en 2013, on décomptait 70 entreprises tunisiennes présentes en Algérie,
majoritairement dans les secteurs de l’énergie, de l’agro-alimentaire, du bâtiment et des services, dont Poulina
Group Holding qui y dispose de quatre filiales mais aussi Mabrouk, Loukil, Mohsen Hachicha, Altea Packaging,
Servicom ou encore Soroubat. Ceux-ci représenteraient en 2012 un montant total d’environ 120 MDT.
L’Algérie compterait en retour 30 projets d’investissement en Tunisie pour un investissement total de 32 MDT
dans l’énergie et 10 MDT dans les industries manufacturières, sur la période 2006-2012. L’investissement
dans ce sens est compliqué par les contraintes liées à la sortie des capitaux d’Algérie.
Certains secteurs, tels que l’énergie, les travaux publics et le tourisme, ont permis de consolider le partenariat
algéro-tunisien. Les deux pays ont ainsi signé une série d’accords visant le renforcement de la coopération
énergétique à travers notamment l’augmentation de la capacité d’interconnexion électrique (5 lignes
existantes), l’augmentation de la quantité de GPL (Gaz de Pétale Liquéfié) exportée vers la Tunisie et
l’approvisionnement des régions frontalières de l’Ouest tunisien en gaz algérien. Six routes et une autoroute
sont en cours de construction pour relier les deux pays. Enfin, le secteur du tourisme contribue à l’intégration
bilatérale : destination prisée par les touristes algériens, la Tunisie leur consacre une attention particulière en
raison de la source de revenus considérable qu’ils représentent – 2 Mds$ par an, recette en forte hausse
depuis la révolution, avec pas moins de 20% des entrées aux frontières et 1,2 millions de touristes en 2014
(contre 700 000 Français et 400 000 Allemands).
Si jusqu’en 2011 cette relation bilatérale a été marquée par la stabilité et des avancées relativement limitées,
le partenariat algéro-tunisien est désormais appelé à s’amplifier. Dans un contexte de contraction de la
demande des pays européens et de déstabilisation économique et politique de la Libye, l’Algérie est
mécaniquement appelée à monter en puissance auprès de son voisin tunisien. Ce renforcement de la relation
économique bilatérale est perceptible lors de l’étude chiffrée des échanges commerciaux des deux pays :
avec une croissance respective de 32,9 % de ses exportations et de 38,3% de ses importations à destination de la Tunisie entre 2013 et 2014, l’Algérie devient le premier partenaire africain de la Tunisie et son 4ème
partenaire commercial dans le monde. Cependant, malgré ces progrès, le montant en valeur absolue des
échanges reste relativement modeste, et l’Algérie n’absorbe que 3,7% des exportations et 6,3% des
importations tunisiennes, disposant ainsi d’une marge de progression importante.
Enjeux : Une volonté politique mais des obstacles techniques à lever pour amplifier les échanges
Au cours des dernières années, les concertations et accords semblent se multiplier, témoignant d’une volonté
politique nouvelle de rapprochement bilatéral. Au premier plan, l’accord commercial préférentiel entre l’Algérie
et la Tunisie signé le 4 décembre 2008, est entré en vigueur le 1
er mars 2014. Il définit une catégorie de
produits des deux pays totalement exonérés de droits de douane, et une seconde exonérée à hauteur de 40%,
ainsi que des exonérations ciblées pour une liste de 10 à 15 produits agricoles et agro-alimentaires selon des
quotas définis. Ce premier pas vers une zone de libre-échange, complète des accords de coopération
sectorielle tels que la convention de coopération touristique signée en octobre 2012, portant sur 4 axes :
formation professionnelle, promotion de séjours combinés (à destination des touristes asiatiques par
exemple), investissement, cadre réglementaire et législatif commun ; mais aussi le programme de coopération
tuniso-algérienne dans l’artisanat conclu en juin 2013, ou encore la convention de coopération entre la poste
tunisienne et algérienne, et le protocole de coopération bilatérale dans le domaine du travail et des relations
professionnelles.
En parallèle, se déploie un processus de concertation autour du développement des zones frontalières, relancé en février 2015 par la mise en place d’un plan de travail commun entre le gouvernorat du Kef (Tunisie) et la Wilaya de Souk Ahras (Algérie), ainsi que des forums annuels d’hommes d’affaires tunisiens et algériens (le dernier s’est tenu le 14 février dernier au Kef). Un autre fait marquant récent de la relation bilatérale fut l’assistance financière accordée à la Tunisie en mai 2014 à travers plusieurs accords, pour un montant total de 250 M$. Ainsi, au-delà de l’accord de dépôt de 100 M$ entre la BCT et la Banque d’Algérie, Alger annonce également l’accord d’un prêt de 100 M$ ainsi que d’un « prêt non remboursable » d’une valeur de 50 M$. En 2015, l’Algérie pourrait renouveler son assistance financière avec un engagement de 100 M$ supplémentaires.
En parallèle, se déploie un processus de concertation autour du développement des zones frontalières, relancé en février 2015 par la mise en place d’un plan de travail commun entre le gouvernorat du Kef (Tunisie) et la Wilaya de Souk Ahras (Algérie), ainsi que des forums annuels d’hommes d’affaires tunisiens et algériens (le dernier s’est tenu le 14 février dernier au Kef). Un autre fait marquant récent de la relation bilatérale fut l’assistance financière accordée à la Tunisie en mai 2014 à travers plusieurs accords, pour un montant total de 250 M$. Ainsi, au-delà de l’accord de dépôt de 100 M$ entre la BCT et la Banque d’Algérie, Alger annonce également l’accord d’un prêt de 100 M$ ainsi que d’un « prêt non remboursable » d’une valeur de 50 M$. En 2015, l’Algérie pourrait renouveler son assistance financière avec un engagement de 100 M$ supplémentaires.
Toutefois de nombreux obstacles tarifaires (comme la taxe additionnelle de 25% sur la consommation de
certains produits importés comme les boissons algériennes qui représentent un marché de 34 M$ en Tunisie,
ou la taxe de sortie du territoire tunisien pour les ressortissants maghrébins – récemment abolie) et non
tarifaires freinent encore les échanges entre les deux pays. Les échanges économiques entre les deux pays
sont également limités par des verrous administratifs comme la loi dite « 49/51 » en imposant au moins 51 %
d'intérêts algériens dans tous les projets économiques impliquant des étrangers, à quoi s’ajoute l’obligation
faite pour les investisseurs tunisiens en Algérie de passer par une banque locale pour les crédits.
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